COMPANY - Gielgud theatre, London

Company fait son retour dans le West End, plus de vingt ans après son revival, présenté au Donmar Warehouse. Cette fois ci, l’œuvre de Sondheim pose ses valises au Gielgud Theatre à partir du 17 octobre (les previews commençant le 26 septembre).

Toutefois, ce revival est un peu spécial. La version qui nous est présentée pourrait faire office de "new Musical" grâce aux différents changements par rapport à l’œuvre de 1970. Et pourtant rien ne sonne faux, grâce à la bénédiction de Sondheim lui-même quant à la réécriture du livret par Marianne Elliott (la metteuse en scène) et Cris Harper (le producteur). Nous sommes donc propulsés en plein 21ème siècle. Les critiques parlent de "Bridget Jones" qui rencontre "Friends" dans " Sex And The City". Et en effet, c’est un peu cela. Bobby, le célibataire de 35 ans devient ici, Bobbie, femme célibataire, qui n’arrive pas à s’engager émotionnellement. Cela marche du tonnerre grâce au talent de Rosalie Craig qui incarne le personnage à la perfection et donne une touche très comique à son Bobbie sans jamais en faire trop. Working girl, femme forte, elle nous offre quelques moments de fragilité qui donne beaucoup plus de subtilité au personnage (son "Being Alive" à la fin, est déchirant). Elle est aussi très belle dans sa robe rouge écarlate qu’elle gardera tout au long du spectacle tel le chaperon rouge ou une Alice au pays des merveilles, pour lequel on aura vu le clin d’œil dans une des scènes. Son côté parfois clownesque rend son personnage très moderne. 

Ses huit amis ont décidé de fêter ses 35 ans. 

Les quatre couples sont toujours là, comme celui de David et Jenny. Mais on se rend compte très vite que les dialogues ont été inversés. Jenny autrefois femme au foyer, se retrouve femme d’affaires, pendant que David, lui, reste à la maison.

Le plus réussi se trouve dans le couple Paul et Amy, qui devient celui de Paul et Jamie. La scène Getting Married Today chanté par Jamie fait bouillir la salle, et l’explosion de joie se fait sentir pendant de longues minutes, déboussolant même quelque peu les acteurs sur scène.

Les dialogues résonnent d’une manière tellement actuelle que l’on a du mal à imaginer qu’ils ont été écrit il y a près de 50 ans. 

La mise en scène est fabuleuse et d’une originalité incroyable. Des cubes énormes dans lesquels les comédiens  évoluent se mêlent et se démêlent pour former tantôt le salon de Harry(Gavin Spokes) et Sarah (Mel Giedroyc), tantôt la chambre à coucher de Bobbie. Ce qui m’amène à parler de ses trois « prétendants ». Et oui, là aussi, changement de genre pour April, Marta, Kathy qui deviennent Andy, P.J, Theo (You Could Drive A Person Crazy).

Le personnage du steward (Richard Fleeshman, le fameux Sam de Ghost The Musical) est finement drôle et nous offre en bonus sa plastique parfaite pendant la fameuse scène "Barcelona". 

Un petit bémol toutefois sur l’interprétation de "Another Hundred People" par P.J (George Blagden) pas encore assez maîtrisée.

La cerise sur le gâteau, c’est bien Patti LuPone que l’on retrouve dans le rôle de Joanne qu’elle avait déjà incarné en 2011 au Philharmonic Concert de NY (avec Neil Patrick Harris). C’est elle qui a le eleven o’clock number du show avec "The Ladies who lunch" superbement maîtrisé. 

C’est donc un grand OUI pour ce nouveau Company qui restera (plus que jamais grâce à cette intelligente et inédite relecture) une de mes comédies musicales préférées...

V.M.L

Représentation du jeudi 27 septembre